Juifs, protestants et catholiques vaudois contre les coupes budgétaires

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Juifs, protestants et catholiques vaudois contre les coupes budgétaires

8 septembre 2025
Inquiètes des coupes envisagées dès 2026, les Églises et la communauté israélite vaudoises ont écrit au Conseil d’État pour demander une rencontre avant la présentation du budget cantonal.

À peine un an après la signature de conventions de financement valables jusqu’en 2029, les Églises reconnues d’intérêt public du canton de Vaud se voient menacées par des réductions budgétaires dès 2026. Dans le cadre de son plan d’assainissement des finances, le Conseil d’État envisage de revoir à la baisse les montants versés à l’Église évangélique réformée (EERV), à la Fédération ecclésiastique catholique (FEDEC-VD) et à la Communauté israélite de Lausanne et du canton de Vaud (CILV). Depuis 2025, ces trois communautés se partagent chaque année environ 63,5 millions de francs de subventions cantonales. L’EERV reçoit ainsi 33,4 millions de francs, la FEDEC 30,2 millions, tandis que 140’000 francs soutiennent la CILV.

Dans sa newsletter envoyée fin août, l’EERV a exprimé son étonnement, rappelant que la remise en cause de ces conventions «frapperait déjà l’exercice comptable 2026». Avec la FEDEC et la CILV, elle a adressé une lettre conjointe au Conseil d’État pour rappeler l’importance des missions dévolues légalement» et exprimer son «incompréhension des mesures annoncées». Le Conseil synodal, organe exécutif de l’EERV, n’a pas souhaité commenter davantage.

Marie-Denise Schaller, présidente de la FEDEC, réagit avec fermeté: «Nous avons signé une convention l’an dernier, censée nous garantir un financement sur cinq ans. Apprendre dès l’année suivante qu’il faudra baisser les montants, c’est un peu fort de café. Le Canton n’avaitil pas déjà eu connaissance des signaux annonçant son propre déficit?» Elle insiste sur le fait que les Églises n’ont pas contribué au déficit actuel de l’État, n’ayant bénéficié d’aucune augmentation significative malgré la hausse des besoins dans les écoles, les EMS et les prisons.

De son côté, Elie Elkaïm, président de la CILV, rappelle que les montants en jeu sont modestes pour sa communauté: «Une coupe représenterait pour nous moins d’une dizaine de milliers de francs, ce qui est évidemment sans commune mesure avec les Églises.» Il souligne toutefois que ce soutien reste essentiel: «Les subventions couvrent d’abord notre activité oecuménique. Malgré les coupes, nous n’arrêterons pas de nous engager dans le dialogue interreligieux pour autant et trouverons des solutions.»
 

1,8 million de moins

Jean-Luc Schwaar, directeur du Département des institutions, rappelle que cette éventualité figure bien dans la loi. «Les conventions signées avec les communautés religieuses, elles aussi, contiennent une clause qui permet, en cas de difficultés financières, d’appliquer l’article 33 de la loi sur les subventions. Celui-ci autorise un abattement linéaire, applicable à toutes les subventions de l’État.»

La conseillère d’État Christelle Luisier précise pour sa part: «Les mesures que le Conseil d’État doit prendre dans le cadre du budget sont encore en discussion. La subvention aux Églises et à la CILV se monte à environ 64 millions et lors d’une rencontre avec leurs représentants en juillet dernier, nous les avons informées que cette subvention pourrait être réduite de 1,8 million.»

À propos des critiques de disproportion, elle rappelle que «constitutionnellement, le gouvernement doit présenter un projet de budget qui prévoit que les dépenses de fonctionnement de l’État soient couvertes par ses recettes avant amortissements, c’est ce qu’on appelle le petit équilibre. Pour y arriver, et le Conseil d’État l’a déjà annoncé, des mesures devront être prises et ce qui importe est que les efforts qui seront demandés soient proportionnés par rapport à l’ensemble des décisions.»

Enfin, face au souhait des communautés de relancer les échanges, Christelle Luisier précise que «le dialogue va se poursuivre lors d’une prochaine rencontre». Le Conseil d’État présentera son projet de budget dans la seconde quinzaine de septembre, qui sera examiné par la Commission des finances. Le Grand Conseil devrait trancher en décembre.